Encore et toujours à la recherche de l’instant précieux
La météo de cet été restreint vraiment les sorties et les découvertes. Je dis ça, mais je pense que si l’on ouvre bien les yeux, on est capable de faire des découvertes dans un périmètre proche de chez soi, ne serait-ce que dans un champ. Le périmètre proche ça va bien un moment mais l’envie d’évasion se fait quand même ressentir. Jour de chance, dimanche matin nous a offert une accalmie, une parenthèse entre les trombes d’eau et la bruine persistante. Ce ne fut pas les grandes chaleurs ni le ciel bleu mais cela nous a permis de retourner sur les crêtes voir si on pouvait croiser de belles choses dans le ciel autres que des nuages. La masse nuageuse accrochée aux sommets offrait une belle ambiance, une ambiance plus coutumière aux journées d’automne qu’à celles d’un mois de juillet. Avec une montée dans la boue, où la stabilité était loin d’être présente pour laisser sa place à une démarche aléatoire, nous en avons oublié le dénivelé pour nous focaliser sur la difficulté à rester debout 😉 Une fois sur les crêtes, le spectacle s’offrait à nous. Beaucoup ne verraient pas ce qui nous enchante et se demanderaient pourquoi nous prenons la direction de là haut. Moi, je sais pourquoi j’aime tant … Il me suffit de m’installer, de regarder tout ce qui est à portée de vue pour sentir l’effet magique opérer. Ça commence par la perception du lieu. Instinctivement j’inspire à fond pour m’imprégner de cette atmosphère, comme pour faire corps avec l’endroit. A ce moment là, la vague de bien être m’inonde, je me sens envahie par cette nature qui m’enchante. Le vide à mes pieds, la hauteur des falaises, l’étendue du paysage, tout ça m’intègre et je peux rester de longs moments à observer comme si je faisais partie de ce tout, dans une parfaite osmose. A ce moment là, tout élément qui s’ajoute devient une source de bonheur en plus; qu’il s’agisse d’une bande de nuages qui descend des falaises, d’un papillon qui vient se poser sur une fleur, d’un rapace, d’un chamois ou tout autre. Voilà pourquoi j’aime me retrouver en haut au milieu de nulle part où les seules rencontres humaines sont celles que l’on a désiré.****
Là haut, vers les crêtes, un autre univers.
****

****
Plus bas, au village, le Giffre est gonflé par les pluies constantes ce qui a le don de le faire gronder encore plus que d’habitude. Aujourd’hui, on ne prend même plus la peine d’éviter les flaques, la boue, il y en a partout et regarder où l’on pose les pieds devient une futilité.
****

****
Dans la grisaille du jour, je partage encore un peu de Paul Eluard, avec une note plus chaude et colorée que ce ciel inlassablement gris. Elle est debout sur mes paupièresEt ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s’engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel. Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s’évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire. Paul Éluard
Quand l’une modèle l’autre
****
****
****
****
****
****
La suite, c’est parce que j’aime Paul Eluard et que de parler d’eau m’a fait penser à ça : Tu te lèves…
Tu te lèves l’eau se déplie
Tu te couches l’eau s’épanouit Tu es l’eau détournée de ses abîmes
Tu es la terre qui prend racine
Et sur laquelle tout s’établit Tu fais des bulles de silence dans le désert des bruits
Tu chantes des hymnes nocturnes sur les cordes de l’arc-en-ciel,
Tu es partout tu abolis toutes les routes Tu sacrifies le temps
À l’éternelle jeunesse de la flamme exacte
Qui voile la nature en la reproduisant Femme tu mets au monde un corps toujours pareil
Le tien Tu es la ressemblance Paul Eluard (Facile) 1935
Tu te couches l’eau s’épanouit Tu es l’eau détournée de ses abîmes
Tu es la terre qui prend racine
Et sur laquelle tout s’établit Tu fais des bulles de silence dans le désert des bruits
Tu chantes des hymnes nocturnes sur les cordes de l’arc-en-ciel,
Tu es partout tu abolis toutes les routes Tu sacrifies le temps
À l’éternelle jeunesse de la flamme exacte
Qui voile la nature en la reproduisant Femme tu mets au monde un corps toujours pareil
Le tien Tu es la ressemblance Paul Eluard (Facile) 1935
****
Couleurs perdues
C’était hier matin, lors d’une accalmie avant de nouvelles chutes de neige. Aujourd’hui tout est encore modifié, transformé par un très épais manteau. En faisant un tour, hier, je me disais que les couleurs avaient disparues, comme nettoyées par la masse de nuages. C’est incroyable comme sans soleil, les choses pourraient s’éteindre. A nous de voir ce qui est caché et de voir la beauté dans ce qui pourrait paraître si terne.
****

****

****

****
Pour ceux qui se trouvent dans les environs, une expo à Evian du 02/02/13 au 26/05/13 : 779_DepliantexpositionEluardFRNé à la veille du XXe siècle, Paul Eluard (1895-1952) est le grand poète de l’amour et de la paix. Il est aussi l’ami des arts. Pour la première fois la vie et l’oeuvre de cet artiste majeur de la littérature française seront évoqués très largement.

Huit chapitres permettront d’approcher l’homme et l’écrivain, à travers des objets personnels : reconstitution de son bureau et de sa bibliothèque, ses manuscrits, ses ouvrages, ses amis et ses passions. Une partie de l’histoire de France se déroule des Premiers poèmes, signés de son véritable patronyme Eugène Grindel, aux poésies de la Résistance avec les manuscrits de Liberté, aux poésies d’amour. Collectionneur exceptionnel de la peinture de ses amis, d’objets sauvages, il réunit autour de ses vers les plus célèbres des artistes de son temps : Hans Arp, Salvador Dali, Pablo Picasso, Max Ernst, Man Ray, André Beaudin, Jean Cocteau, Apel les Fenosa, Hans Bellmer ou Alberto Giacometti.
Dans la foule je t’ai vue
Parmi les blés je t’ai vue
Sous un arbre je t’ai vue Au bout de tous mes voyages
Au fond de tous mes tourments
Au tournant de tous les rires
Sortant de l’eau et du feu L’été l’hiver je t’ai vue
Dans ma maison je t’ai vue
Entre mes bras je t’ai vue
Dans mes rêves je t’ai vue Je ne te quitterai plus.
L’ombre a cédé le froid d’en bas s’est étoilé
Et la terre s’est recouverte
De ta chair claire et je me suis senti léger
Tu es venue la solitude était vaincue
J’avais un guide sur la terre je savais
Me diriger je me savais démesuré
J’avançais je gagnais de l’espace et du temps
J’allais vers toi j’allais sans fin vers la lumière
La vie avait un corps l’espoir tendait sa voile
Le sommeil ruisselait de rêves et la nuit
Promettait à l’aurore des regards confiants
Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard
Ta bouche était mouillée des premières rosées
Le repos ébloui remplaçait la fatigue
Et j’adorais l’amour comme à mes premiers jours. Extrait : la mort, l’amour, la vie Paul Eluard
****
Air vif J’ai regardé devant moiDans la foule je t’ai vue
Parmi les blés je t’ai vue
Sous un arbre je t’ai vue Au bout de tous mes voyages
Au fond de tous mes tourments
Au tournant de tous les rires
Sortant de l’eau et du feu L’été l’hiver je t’ai vue
Dans ma maison je t’ai vue
Entre mes bras je t’ai vue
Dans mes rêves je t’ai vue Je ne te quitterai plus.
Paul Eluard
**** Tu es venue le feu s’est alors raniméL’ombre a cédé le froid d’en bas s’est étoilé
Et la terre s’est recouverte
De ta chair claire et je me suis senti léger
Tu es venue la solitude était vaincue
J’avais un guide sur la terre je savais
Me diriger je me savais démesuré
J’avançais je gagnais de l’espace et du temps
J’allais vers toi j’allais sans fin vers la lumière
La vie avait un corps l’espoir tendait sa voile
Le sommeil ruisselait de rêves et la nuit
Promettait à l’aurore des regards confiants
Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard
Ta bouche était mouillée des premières rosées
Le repos ébloui remplaçait la fatigue
Et j’adorais l’amour comme à mes premiers jours. Extrait : la mort, l’amour, la vie Paul Eluard
****