Couleurs perdues
C’était hier matin, lors d’une accalmie avant de nouvelles chutes de neige. Aujourd’hui tout est encore modifié, transformé par un très épais manteau. En faisant un tour, hier, je me disais que les couleurs avaient disparues, comme nettoyées par la masse de nuages. C’est incroyable comme sans soleil, les choses pourraient s’éteindre. A nous de voir ce qui est caché et de voir la beauté dans ce qui pourrait paraître si terne.
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Pour ceux qui se trouvent dans les environs, une expo à Evian du 02/02/13 au 26/05/13 : 779_DepliantexpositionEluardFR
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Air vif J’ai regardé devant moiDans la foule je t’ai vue
Parmi les blés je t’ai vue
Sous un arbre je t’ai vue Au bout de tous mes voyages
Au fond de tous mes tourments
Au tournant de tous les rires
Sortant de l’eau et du feu L’été l’hiver je t’ai vue
Dans ma maison je t’ai vue
Entre mes bras je t’ai vue
Dans mes rêves je t’ai vue Je ne te quitterai plus.
Paul Eluard
**** Tu es venue le feu s’est alors raniméL’ombre a cédé le froid d’en bas s’est étoilé
Et la terre s’est recouverte
De ta chair claire et je me suis senti léger
Tu es venue la solitude était vaincue
J’avais un guide sur la terre je savais
Me diriger je me savais démesuré
J’avançais je gagnais de l’espace et du temps
J’allais vers toi j’allais sans fin vers la lumière
La vie avait un corps l’espoir tendait sa voile
Le sommeil ruisselait de rêves et la nuit
Promettait à l’aurore des regards confiants
Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard
Ta bouche était mouillée des premières rosées
Le repos ébloui remplaçait la fatigue
Et j’adorais l’amour comme à mes premiers jours. Extrait : la mort, l’amour, la vie Paul Eluard
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De façon posée..
Il n’est pas « bien » de parler de ces choses là que tout le monde fait,Tandis que tout le monde parle de choses qu’il ne fera jamais.
La femme douce et délicate que je suis aborde le sujet « tabou »
Tout en pensant à Marc-Aurèle qui disait : « la douceur est invincible »
J’aborde le sujet tout en douceur.
Même pas peur 😉
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Envoyé à George Sand par son fils Maurice Sand. Poème souvent attribué à tort à Alfred de Musset :
Le petit endroitVous qui venez ici dans une humble posture, Débarrasser vos flancs d’un importun fardeau, Veuillez, quand vous aurez soulagé la nature
Et déposé dans l’urne un modeste cadeau,
Épancher dans l’amphore un courant d’onde pure,
Puis, sur l’autel fumant, placer pour chapiteau
Le couvercle arrondi dont l’auguste jointure
Aux parfums indiscrets doit servir de tombeau.
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« Cabanon à destination de cabinets d´aisance » J’imagine très bien l’aisance…
Au chaud sous ta couette, le bout du nez gelé si tu le sors un peu trop, et ce besoin naturel à soulager… Il y a des choses qui motivent dans la vie, celle-ci en fait partie.
Tu vas te lever, t’habiller à moitié sous la couette, trouver tes chaussures de montagne que tu enfileras sans chaussettes et hop, à toi l’air frais, la nature.
Tiens donc, il a neigé en plus. Youpi!
Tu vas connaître la sensation de la chaussure qui ne monte pas tant que ça. Sensation saisissante quand tu n’as pas de chaussettes et que la neige t’arrive jusqu’aux genoux. Une fois devant la sainte porte, ton cœur s’accélère. Pourvu qu’elle s’ouvre vers l’intérieur, sinon il te faudra déneiger pour pouvoir l’ouvrir. Question idiote. Les anciens avaient l’expérience de ces choses là et la porte s’ouvre dans le bon sens. Il ne te reste plus qu’à t’asseoir. Juste le dernier détail. Ta fesse restera ferme pendant un bon moment car le siège en bois est recouvert de ce beau givre qui cet après-midi te paraissait si beau sur les arbres. Tu n’imaginais pas que la beauté d’une chose pouvait être un désagrément dans d’autres conditions, surtout pour ton postérieur! Enfin, qu’importe, tu as la chance d’être assis en pleine nature, face à un paysage grandiose éclairé par la pleine lune et le soulagement que te procure ce lieu, vaut tous les désagréments. Je ne vais pas exagérer trop, sinon vous n’allez pas me croire qu’un tel lieu est un luxe. Le plus grand luxe est celui qui ne s’estime pas en valeur marchande. Rappelle-t-en, et tu seras riche 😉
Les bijoux
Un moment de calme au magasin. Je décide de me plonger un instant dans des textes que j’aime particulièrement. Rimbaud, Verlaine, Hugo, Baudelaire pour les plus classiques.
J’hésite, lequel partager ici aujourd’hui? J’opte pour Baudelaire et les bijoux, tant pour son texte que pour ce qu’il a suscité à l’époque. J’aime les fleurs du mal même si, heureusement pour moi je n’ai pas l’esprit torturé de baudelaire. Juste une pointe de provocation parfois, peut-être est-ce pour ça que j’aime « l’effleure du mâle » bien plus que « les fleurs du bien » (sachant que les fleurs du bien sont un recueil de poêmes catholiques). Dans le jeu de mot douteux, je pourrai ajouter « leffe l’heure du mâle » mais j’en connais qui dirait « leffe l’heure du bien ». Je sais, c’est nul mais j’assume et puis je bosse plus que d’habitude donc je ne me défoule pas trop dehors en ce moment alors il faut bien que quelque chose dérape en moi d’une façon ou d’une autre. Le pire, c’est que j’aime bien les dérapages.
LES BIJOUX Charles Baudelaire
La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,
Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores, Dont le riche attirail lui donnait l’air vainqueur Qu’ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores. Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur, Ce monde rayonnant de métal et de pierre Me ravit en extase, et j’aime à la fureur Les choses où le son se mêle à la lumière. Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d’aise À mon amour profond et doux comme la mer, Qui vers elle montait comme vers sa falaise. Les yeux fixés sur moi comme un tigre dompté,
D’un air vague et rêveur elle essayait des poses, Et la candeur unie à la lubricité Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ; Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne, Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ; Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne, S’avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise, Et pour la déranger du rocher de cristal Où, calme et solitaire, elle s’était assise. Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l’Antiope au buste d’un imberbe, Tant sa taille faisait ressortir son bassin. Sur ce teint fauve et brun le fard était superbe ! Et la lampe s’étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre, Chaque fois qu’il poussait un flamboyant soupir, Il inondait de sang cette peau couleur d’ambre ! Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal
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